Saison 1 – Premières impressions
Mon programme est la ballade type « ronds dans l’eau » de quelques heures, en solo ou équipage réduit (avec souvent des équipiers peu compétents), mais en aimant bien aller vite. Une régate, le Tour de l’Ile de Ré une fois par an. Et une petite croisière annuelle de 3-4 jours, en solo ou équipage réduit (ma femme n’est pas très fan des sorties de plus de quelques heures, et marque une nette préférence pour le beau temps…)
Dans ce cadre, un bateau de 7.5m convient bien. L’habitabilité du Bull – permettant le camping dans une ambiance spartiate – est suffisante. Elle est équivalente à celle du Surprise ou du Class 8, mais l’intérieur est bien mieux conçu que celui des deux autres.
L’ergonomie en solo est super, sous réserve des équipements habituels (stick de barre Friendly réglable et qu’on fixe sur le plat bord pour bloquer la barre, pilote auto au portant…) même si les bloqueurs de foc sont un tout petit peu loin.
Surtout, le bout dehors se sort et le spi s’envoie sans quitter le cockpit si on a réuni les drisses, amure et écoutes sur les filières en arrière des haubans. Le bout dehors orientable permet d’avoir un asymétrique qui a les caractéristiques d’un symétrique, et qui une fois envoyé se manœuvre du cockpit notamment lors des empannages qui sont faciles même en solitaire. Donc un gros plus par rapport à mon Class 8, où j’avais fini par considérer que j’avais passé l’âge de faire le clown en solo sur la plage avant pour empanner le symétrique.
En ce qui concerne les performances:
– Remonte moins bien au près serré que le Class 8, mais avance quand même bien si on abat de quelques degrés.
– Super aux allures abattues, et facile sous spi en solo par petit temps, jusqu’à un bon 3 Beaufort. Un peu d’adrénaline à partir de 4, avec un bateau qui sous spi peut partir au lof: les appendices sont longs et étroits, et le safran peut décrocher
– Avec 4-5 Beaufort, à deux et au prix d’un départ au lof, on est monté à 16.5 noeuds sous spi, avec de longues minutes au dessus de 12 noeuds (et donc pas ponctuellement en surf sur des vagues, comme lorsque j’avais monté mon Class 8 à 13 noeuds quelques secondes). J’espère faire mieux l’année prochaine.
Points d’attention ou à améliorer sur la prochaine saison de nav :
– Praticité du cockpit. Quand on y est, c’est bien. La partie flush deck (sous laquelle est la couchette double, en arrière des descentes) est cependant un peu moins sécurisante pour rentrer à l’intérieur quand ça gîte et bastonne un peu que l’organisation « traditionnelle », où le cockpit va jusqu’à la descente. Ça reste un sujet minime vu mon programme, mais c’est un point d’attention, surtout en solo si on ne veut pas finir à l’eau…
– Comportement en solo quand le vent monte. Le bateau semble un peu moins raide et plus difficile à tenir que le Class 8, le safran décroche parfois y compris au près ou au travers. J’ai 3 ris mais une seule bosse… Et une grand voile sans doute un peu vieille et creuse. Je prévois d’installer une deuxième bosse de ris, et pense changer mes voiles en passant à une GV à corne.
– Remontée de la quille à chaque sortie (inconvénient des ports à seuils de l’Atlantique…). Un peu physique, mais la vis de blocage se met assez facilement quand on a pris les repères sur le boute, et la manip est supportable dès lors que le winch est un self tailing (malgré les 130 tours…). Je regarde avec attention les manivelles de winch électriques pour dans quelques années…
– Blocage de la quille par une seule vis: dans certaines conditions de mer et par petit temps, la quille « ballotte », ce qui est désagréable. Dès que le bateau prend un peu de vitesse ou gîte, la quille se cale et le problème disparaît. Du coup, je réfléchis à installer une deuxième « goupille » de fixation de la quille, ou des cales additionnelles, pour bloquer tout ballotage. Je suis preneur de conseils ou solutions, dans le fil dédié (quille – question, rubrique trucs et astuces)
En conclusion, encore quelques petits réglages à trouver et fignolages à faire, mais très content de ce nouveau bateau.
Saison 2
Deuxième saison pleine avec le bateau.
Confirmation du côté facile et fun du Bull.
Un petit regret de ne pas avoir « pété mon record », seulement 14,5 nœuds cette saison, à deux avec un bon 4 limite 5, mais avec plusieurs minutes à plus de 12 nœuds.
Le métier rentre lentement. L’expérience montre qu’il est préférable de garder le bout dehors au vent quand on affale le spi en équipage réduit avec un peu d’air. Le bateau est ainsi mieux équilibré et risque moins de partir au lof que si on ramène ledit bout dehors dans l’axe.
Je prévois aussi l’achat d’une grand voile à corne dans un futur proche, avec deux grands ris, pour être plus à l’aise en solo quand le vent monte un peu. Il faut en effet maintenir le bateau à plat au près si on veut qu’il avance, et la corne devrait permettre de faire déverser la grand voile mieux que la GV à fort rond de chute d’origine.
Saison 3 à 5
Nouvelles voiles avec notamment une GV à corne, avec deux grands ris, et un grand spi de 57m2.
Belle amélioration, notamment en solitaire.
La corne permet de faire déverser plus facilement la voile et donc de retarder la prise de ris, et les deux grands ris permettent de tenir le bateau en solo sans problème jusqu’à 20-22 nœuds établis avec l’inter déroulé, jusqu’à 25 nœuds avec l’inter roulé au prix d’un près moins bon….
Pas de record battu , le triptyque météo – équipiers disponibles – emploi du temps familial n’ayant permis que des sorties sous spi en solitaire, avec peu d’air, et donc 10 à 12 nœuds « seulement ».
Nouveau jeu de voiles
Les dimensions des voiles de jauge peuvent être trouvées dans le post documentation,, sur les certificats IRC, ORC et HN
Je me suis fait faire un jeu de voiles hors jauge, en tenant compte de sorties en solo fréquentes, avec donc
- un inter à faible recouvrement, sur enrouleur
- une grand voile à corne, d’une surface un peu plus faible que la voile de jauge, avec un centre de voilure un peu plus avant et deux grands ris (le bateau est ardent, et je prends les ris avant de rouler le foc)
- un grand spi de 57 m2, en sus d’un plus petit de 40m2 ancien que j’avais
Plans des voiles faites par la voilerie Neptune à La Rochelle: foc , grand voile et spi
Fin de partie
La sixième saison a été écourtée…
Sans prévenir, le voile de quille a cassé net en sortie de coque… Il va sans dire que sans quille, le bateau marche un peu moins bien. Sans doute les conséquences d’un talonnage par le propriétaire précédent, aggravé par un autre en 2019 après lequel j’avais fait réparer la quille à La Rochelle, réparation où le chantier s’était probablement contenté de refermer l’habillage du voile de quille sans vérification.
Lors du remorquage par la SNSM – dont je salue la célérité et le professionnalisme – le bateau a été endommagé, le mât cassé… Les frais de remise en état dépassent la valeur vénale du bateau, qui part donc à la casse.
Moralité : s’il y a un soupçon de talonnage ou talonnage avec ces quilles sabre, cela vaut le coup de vérifier l’intégrité du voile de quille, par un contrôle type rayons X. Sinon, la corrosion puis la fatigue sur une âme endommagée peuvent conduire à la rupture.
Quille – calage
La quille sabre coulisse dans le puits, et est fixée par une vis traversante.
Cette fixation en un seul point amène, dans certaines conditions, essentiellement par petit temps avec un peu de mer, des mouvements un peu gênants de la quille qui pivote légèrement autour de la vis dans son puits. Ce problème semble lié au système retenu sur les bateaux construits en Angleterre, modifié par rapport au mécanisme australien original?
Dès que le vent monte un peu, la gîte et la vitesse calent la quille, et le phénomène disparaît.
Quelles solutions ?
- Un changement du système de cales, comme sur cette photo.
- Solution que j’ai retenue: des cales sur les plaques inférieures pour bloquer le voile de quille en longitudinal:
Reste une question, la sécurité pour éviter que la quille ne tombe en cas de descente brutale, si on lâche malencontreusement le boute de retenue.
Un premier niveau de sécurité avec la cale métallique qui bloque sur le redan arrière de la partie haute du voile.
Mais cette cale est seulement vissée avec des vis non traversantes et peut être arrachée si la quille tombe brutalement.
Du coup – ceinture et bretelles – j’ai mis un boute dynéma de retenue pris sur la poulie inférieure du palan (à l’avant de la quille) et assuré sur le pont.
Bosses de ris
Mon bricolage « minimaliste » pour installer une deuxième bosse de ris sur le bateau, sans grosse modification.
Une poulie plat pont qui sert désormais pour le point d’écoute, et un taquet coinceur en vis à vis du premier pour la deuxième bosse, qui utilise l’une des poulies de bout de bôme. Le renvoi pied de mât permet de rendre le système « auto-bloquant » lors de la prise de ris.